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Un film documentaire de Sylvie Jacquemin

l'histoire du film : Comment tout cela a commencé

Note de la réalisatrice :

J'ai commencé à m'intéresser à la culture des Indiens d'Amérique du Nord en 1992, après avoir découvert la puissance des tambours lors du « RASSEMBLEMENT DES NATIONS INDIENNES » d'Albuquerque (Nouveau Mexique), un des plus grands Powwows des États-Unis.

Les organisateurs du Powwow, les éducateurs Derek et Linda Mathews, avaient demandé à Wynton MARSALIS d'être leur invité d'honneur, en raison de son implication personnelle en faveur de l'éducation. C'est parce que je réalisais alors son portrait pour Sony Music (PLAYING THROUGH THE CHANGES), que j'ai pu vivre avec l'équipe de tournage cet événement spectaculaire avec lui, en enregistrant sa rencontre avec une culture qu'il n'avait jamais côtoyée d'aussi près, bien qu'il soit né et ait grandi en Amérique.

Bien que vivant depuis dix ans en Amérique, ni moi ni aucun des membres de mon équipe n'avions jamais rencontré la culture indienne auparavant. J'ai constaté alors que la culture indienne restait plutôt cachée et n'était partagée que par un cercle d'initiés. De plus lorsque nous interrogions des Américains vivant à proximité des réserves indiennes, la plupart d'entre eux nous déconseillaient d'y aller, persuadés que c'était dangereux ou sans intérêt.

Quelques années après mon retour en France, j'ai décidé de retourner en Amérique et de faire un documentaire sur les Powwows, de saisir l'énergie débordante des chants et des danses que j'avais gardés en mémoire. Mais il m'a fallu assez longtemps pour pouvoir monter un tel projet.

Finalement, en 1997, je suis allée chez les indiens Ute au Powwow de l'Arbre à Palabres (Ute Coucil Tree PowWow) à Delta (Colorado), à la recherche de chanteurs et de danseurs qui accepteraient que je les suive avec ma caméra sur leur route des Powwows. Et c'est là que j'ai fait la connaissance de la famille Martineau.

J'ai d'abord rencontré Carmen qui portait une robe magnifique en peau de daim perlée, qu'elle avait faite elle-même. Carmen me présenta à son père, Lavan. En quelques minutes il me raconta beaucoup de choses sur son passé, sa vie et l'engagement de sa famille dans les Powwows.

L'été suivant, après quelques échanges de courrier avec Carmen, il fut convenu que je pourrais venir avec une autre personne, pour partager et filmer pendant quelques semaines leur vie sur la route des Powwows.

J'ai ainsi pu découvrir de très près le monde extraordinairement formateur des Powwows.

C'est ce trait commun que j'ai retrouvé chez Wynton Marsalis, chez Lavan Martineau et ses cinq filles, chez moi – et par la suite, chez certains des personnages de « DES INDIENS COMME NOUS » : une envie insatiable d'apprendre et de partager le savoir acquis.

Les Powwows sont un endroit privilégié d'échange des savoirs entre les générations, les familles, les amis et les diverses tribus indiennes. C'est aussi un endroit où les Blancs peuvent se rendre compte de la beauté et de la diversité des cultures indiennes, et peut-être changer quelques préjugés propagés par de nombreux reportages télévisés et d'autres media. La drogue, l'alcool et les armes sont interdites sur les Powwows, et les Indiens ont à cœur d'en faire un lieu sûr et convivial pour les enfants et les familles.

Un an seulement après l'avoir filmé et enregistré, Lavan est décédé. J'ai alors compris que mon film n'était pas seulement un documentaire sur les Powwows, mais sur la transmission, et qu'il racontait la vie même de Lavan : celle d'un enfant blanc orphelin recueilli par un vieil Indien Païute qui l'avait élevé. Lavan avait ensuite consacré sa vie entière à récolter et préserver des bribes de culture indienne, notamment à travers l'étude des Pétroglyphes, et il s'évertuait à transmettre à ses cinq filles indiennes Païutes, à ses petits-enfants, et tous ceux qu'il rencontrait, toute la culture indienne dont il avait hérité.

Il se décrivait lui-même comme « une pomme blanche au cœur rouge », et c'est devenu le titre de mon film (« A RED APPLE INSIDE OUT »).

Alors que je faisais ce film, ROY TRACK, un MC (maître de cérémonie de Powwow) respecté, m'a fait découvrir comment le droit du sang (http://www.native-languages.org/blood.htm) et le métissage progressif des indiens devenait l'un des problème majeurs de l'Amérique indienne d'aujourd'hui.

Ce problème est devenu l'un des axes principaux du documentaire, car il est le reflet de la situation générale des cultures et des identités métissées dans le monde.

Mes propres origines métissées franco-vietnamiennes ont certainement influencé mon envie d'explorer et d'expliquer la question de l'identité et tous les sujets qui s'y rattachent.

Lorsque j'ai rencontré en 2008 les Picards de l'association « SAVY WESTERN » en train de faire un spectacle indien dans ma région natale des Ardennes, avec les costumes qu'ils avaient eux-même confectionnés, j'ai d'abord été amusée. Puis j'ai été très touchée et sensible à la relation et aux échanges qui s'établissaient entre eux et le public local, en particulier avec les enfants. Les gens dans le public étaient fascinés et posaient de nombreuses questions – auxquelles Alain Letellier, le chef du groupe, répondait de son mieux d'après ce qu'il avait lu dans des livres.

Je lui ai demandé si il avait déjà rencontré des Indiens. Il me répondit que son plus grand rêve – et celui du groupe – était d'aller en Amérique rencontrer les « vrais Indiens ». Depuis plusieurs années, ils rêvaient d'y aller « l'été prochain ». En fait ils avaient prévu d'y aller l'année suivante, mais ils ne parlaient pas anglais ! Je leur ai proposé d'aller avec eux pour filmer leur voyage en leur apportant en échange mon aide comme interprète.

Leur rencontre avec les « vrais Indiens » (comme ils les appelaient toujours) allait être particulièrement intéressante. C'est cela qui est montré dans le film et les cinq bonus du documentaire « DES INDIENS COMME NOUS » disponibles en DVD (éditions L'Harmattan)

DES INDIENS COMME NOUS a été sélectionné par de nombreux festivals de films documentaires, des festivals de films d'ethnologie pour la plupart. Cela m'a amené à découvrir de nombreux autres « indianistes » (groupes de reconstitution historique indienne), en particulier en Europe de l'Est ( comme l'association Bulgare « le Cercle de l'Aigle » )

Toute cette expérience m'a aussi montré à quel point les américains ordinaires connaissait mal les Indiens, alors qu'ils vivent tout près les uns des autres. Lorsque, en 2011, j'ai montré le documentaire en Californie au Festival International du Film de Riverside, le public ignorait complètement l'existence de la réserve indienne voisine (et qu'un Powwow y était organisé le week-end suivant). Il y a encore beaucoup de combats à mener contre l'ignorance et les préjugés ...

Sylvie Jacquemin

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